Un écosystème agricole sain est constitué de nombreuses formes de vie. Les insectes, champignons et bactéries sont des « organismes utiles » parce qu'ils aident les cultures en pollinisant les plantes, en fournissant des nutriments et en s'attaquant aux insectes nuisibles. Les plantes qui entrent en concurrence avec les cultures sont considérées comme des mauvaises herbes. Certains insectes et maladies sont considérés comme des parasites, car ils peuvent nuire aux cultures. La clé de la lutte contre les parasites et les mauvaises herbes en culture biologique est de réduire leur impact.
Par quoi les agriculteurs bio remplacent-ils les herbicides, les engrais et les insecticides couramment utilisés en agriculture? La réponse est compliquée. En culture biologique, les agriculteurs ne se contentent pas d'utiliser les alternatives écologiques aux produits chimiques - ils travaillent avec la nature pour fournir les nutriments et lutter contre les parasites. Dans le choix des dates pour semer, du taux de semis et des variétés de culture, les agriculteurs bio réfléchissent à ce qui permettra le mieux d'éviter les problèmes de parasites et de mauvaises herbes.
Pratiques courantes dans les exploitations agricoles de culture biologique pour prévenir et contrôler les parasites, les mauvaises herbes et les maladies :
- La rotation des cultures perturbe le cycle de vie des parasites. Les parasites et les mauvaises herbes se développent lorsqu'une même culture est replantée année après année. La rotation des cultures corrige cela. Par exemple, le coléoptère parasite de la pomme de terre agonise lorsqu'il sort de son hibernation pour se retrouver dans un champ de blé.
- Maintenir une grande biodiversité crée un habitat pour les oiseaux et les invertébrés qui s'attaquent aux parasites.[1], [2] La biodiversité (les diverses formes de vie) peut être améliorée (i) en faisant pousser de nombreux types de cultures dans une ferme ou même dans un champ, (ii) en laissant des haies ou des prairies sauvages, et (iii) en ne pulvérisant pas de pesticides.
- La culture intercalaire, c'est-à-dire la plantation conjointe de deux ou plusieurs cultures, empêche les insectes nuisibles de trouver les plantes. Par exemple, alterner des rangées d'oignons et de carottes réduit les dégâts causés par la mouche de la carotte, qui repère les carottes à l'odeur.[3]
- La plantation stratégique tient compte du cycle de vie des parasites pour décider du meilleur moment pour semer et récolter.[4] Souvent, les agriculteurs bio plantent tard pour éviter la première poussée de mauvaises herbes et la première génération de parasites. Ils emploient un taux élevé de semis parce que les plantations denses laissent moins de place aux mauvaises herbes.
- La culture de couverture et les cultures non récoltées sont cultivées uniquement pour le bénéfice de la ferme. Elles font concurrence aux mauvaises herbes et fournissent un habitat aux organismes utiles qui s'attaquent aux parasites.
- Choix de variétés éprouvées ou conçues pour un usage en culture bio; elles peuvent être plus résistantes aux parasites et mieux à même de concurrencer la mauvaise herbe.
- Labourer pour déraciner la mauvaise herbe; les agriculteurs bio travaillent le sol lorsque nécessaire, mais se concentrent surtout sur la prévention des mauvaises herbes.
- Le traitement par brûlage tue la mauvaise herbe courte avec la flamme d'un chalumeau au propane (monté sur un tracteur ou sur un sac à dos).[5]
- Le désherbage à la main et le binage sont les plus utilisés dans les jardins maraîchers.
- Le paillage couvre le sol dénudé (par exemple avec de la paille ou une culture de couverture)
- Les alliés naturels. Les plantes, insectes et autres organismes aident les agriculteurs bio à lutter contre les parasites. Par exemple, une culture d'ivraie en couverture peut étouffer la mauvaise herbe et la mouche tachinaire peut parasiter le vers du chou. Les organismes utiles sont des créatures qui jouent un rôle bénéfique en pollinisant les plantes ou en s'attaquant aux insectes nuisibles. Pour attirer ces organismes utiles, les agriculteurs peuvent créer un habitat propice en semant leurs plantes préférées, en encourageant les fleurs sauvages ou en augmentant la biodiversité en général.
Lorsque le contrôle manuel et la prévention ne suffisent pas:
Les agriculteurs consultent les listes des substances permises par les Normes canadiennes sur la culture biologique. Pour déterminer quelles sont les substances permises, des examens rigoureux sont faits pour évaluer des conséquences aussi importantes que l'impact environnemental de la fabrication et de l'élimination d'une substance.[6]
Les agriculteurs bio doivent élaborer un plan de prévention des parasites. Ce plan peut comprendre la rotation des cultures, les cultures de couverture ou le compagnonnage. Si un problème de parasites survient malgré les mesures préventives, les agriculteurs peuvent utiliser des substances qui ont fait l'objet d'un examen rigoureux de « l'impact social et écologique de la production et de l'application de la substance »[7].
Exemples de substances permises:
- Bacillus thuringiensis (BT): bactérie du sol qui tue certains parasites à corps mou.
- Bentonite, kaolin: argile appliquée sur les feuilles pour décourager les insectes nuisibles.
- Terre de diatomées (TD): diatomées fossilisées (algues à coquille dure) qui abîment le corps de certains insectes, causant la déshydratation.
- Les huiles de dormance: agissent en enduisant le tube respiratoire de certains insectes ou en endommageant leur paroi cellulaire.
- Les couvertures flottantes (tissu léger): empêchent les parasites de se poser sur les plantes.
- Pièges à phéromones: attirent et piègent les insectes nuisibles avec des phéromones (substance chimique libérée par les insectes) ou empêchent leur accouplement.
- Pyrèthre: pesticide botanique dérivé du chrysanthème.
- Savon: endommage la paroi cellulaire ou asphyxie certains parasites.
- Spinosad: extrait de bactéries telluriques qui tue certains parasites.
Notes de bas de page:
[1] Marshall, Edward & K Brown, V & Boatman, Nigel & J W Lutman, P & R Squire, G & K Ward, L. 2003. The role of weeds in supporting biological diversity within crop fields. Weed Research. 43. 77 – 89. [en anglais seulement]
[2] Reddy P.P. 2017. Weed Manipulation. In: Agro-ecological Approaches to Pest Management for Sustainable Agriculture. Springer, Singapour [en anglais seulement]
[3] Uvah, I. I. I. and TH Coaker. 1984. Effect of mixed cropping on some insect pests of carrots and onions. Entomologia Experimentalis et Applicata. Vol 36. Issue 2. pp 159- 167 [en anglais seulement]
[4] link.springer.com/article/10.1007%2Fs13593-011-0009-1 [en anglais seulement]
[5] www.dal.ca/faculty/agriculture/oacc/en-home/resources/pest-management/weed-management/flame-and-steam-weeding.html [en anglais seulement]
6] Systèmes de production biologique - Principes généraux et normes de gestion. CAN/CGSB-32.310-2015. 10.3: Tableau 8 − Critères d’examen des substances permises pour la production végétale
7]Systèmes de production biologique - Principes généraux et normes de gestion. CAN/CGSB-32.310-2015. 10.2.2 Examens des substances